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Environnement et droits de peuples : le focus 2024 du Festisol

21 Déc 2023 Par
Environnement et droits de peuples : le focus 2024 du Festisol

C’est une bonne nouvelle pour la planète ! La COP[1] 28 qui s’est tenu aux Émirats Arabes Unis vient d’acter une “transition hors des énergies fossiles”. Une bonne nouvelle, vraiment ? Faudrait-il remercier les 2500 lobbyistes des géants pétroliers venus du monde entier ? Ou faudrait-il plutôt s’interroger sur les zones d’ombres qui persistent dans cet accord considéré comme historique ? Et puis sur les questions qu’il soulève ? Par exemple, comment allons-nous répondre aux besoins énergétiques qui sont en augmentation constante ? Ces questions sont posées à toutes les échelles, locales, nationales et internationales. Que l’on soit issu d’une communauté autochtone en Equateur, d’un village concerné par la future mine de lithium en Auvergne ou d’une métropole dont les besoins énergétiques s’accentuent, nous sommes toutes et tous concerné.e.s par ces problématiques. Le focus du Festisol 2024 doit justement nous inviter à repenser la place qui est accordée aux peuples et à leurs droits dans le processus de transition énergétique par exemple mais aussi sur les autres enjeux environnementaux. Dans cette perspective, il convient tout d’abord de définir les notions qui sont sollicitées par ce nouveau focus.

L’environnement et la nature n’ont pas de définition juridique précise. Depuis les années 60, l’humanité est consciente que la biosphère court un réel danger pourtant notre système de production ne s’est jamais remis en cause. Penser l’environnement d’un point de vue juridique est essentiel et nous incite à repenser notre rapport à l’environnement en interrogeant notamment la notion de propriété privée et en faisant émerger la notion de biens communs. Cette notion amène à ne plus considérer la nature ou l’environnement comme une ressource à exploiter au profit de l’intérêt d’un petit groupe et pose la question essentielle qui est celle de consulter et d’associer les individus aux enjeux écologiques et environnementaux. A toutes les échelles, les citoyens ont leurs mot à dire sur le dérèglement climatique, la chute de la biodiversité, la pollution et la santé. Ce focus nous amènera donc à dépasser les frontières pour creuser les enjeux de solidarité internationale et construire des ponts entre les luttes locales.

La notion de droit des peuples permet de creuser l’ambivalence de cette dimension juridique. Certains accaparements de terres bien que légaux peuvent être considérés comme illégitimes, dans d’autres cas le droit peut être protecteur mais il n’est pas toujours respecté par l’Etat ou les entreprises. Le droit peut donc protéger mais il n’est pas toujours suffisant. Le droit peut également être un levier pour la mobilisation (l’Affaire du siècle) et pour contraindre à respecter certaines règles (loi sur le devoir de vigilance). La dimension juridique de ce focus nous rappelle également la nécessité d’acquérir de nouveaux droits (certaines constitutions reconnaissent des droits à la nature).

Le terme peuple est polysémique, entre les approches politique, identitaire, religieuse, historique ou sociologique… A l’échelle internationale, au pluriel, les peuples sont un ensemble des communautés humaines constituant la population du globe (selon le CNRS). Avec ce focus, cela sera l’occasion de parler de cette dimension polysémique. Cela sera aussi l’occasion de parler de renforcer la visibilité des peuples réprimés et minorés[1] et de faire avancer la reconnaissance des droits des peuples autochtones[2]. Il nous semble intéressant de mobiliser une conception ouverte de la notion de peuple, en incluant l’ensemble des communautés humaines dedans !

Partout dans le monde, des peuples se mobilisent pour défendre leurs droits et l’environnement. En France, de nombreuses luttes ont obtenu des victoires, comme avec l’abandon de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ou l’abandon du projet EuropaCity dans le Val d’Oise. Mais la répression des manifestants n’a jamais été aussi forte comme en témoigne la tentative de dissolution des Soulèvements de la Terre. Ailleurs dans le monde, la situation n’est pas plus favorable aux défenseurs de l’environnement qui peuvent même être la cible d’assassinats et à ce titre, les peuples autochtones ont été particulièrement ciblés en 20222. Organiser la solidarité entre les défenseurs de l’environnement, relayer les mobilisations en France mais aussi à l’international, sont des enjeux identifiés de ce focus 2024.

Bien entendu, cette liste de sujets à débattre n’est pas exhaustive ! Comme vous pourrez le constater, ce focus permettra d’avoir des débats et réflexions extrêmement riches et variés. N’hésitez pas à nous partager vos ressources et les réflexions de vos collectifs à animation@festivaldessolidarites.org.

 


[1] Les COP ou conférence des parties : sont des sommets mondiaux sur le climat destinés à fixer aux Etats des objectifs en matière de lutte contre le changement climatique. Elles se tiennent chaque année depuis 1995 et réunissent les 198 pays qui se sont engagés à respecter la convention des Nations Unies sur les changements climatiques. Source Oxfam France

[2] Les peuples autochtones ont été globalement très touchés par les  meurtres (34%) en 2022, alors qu’ils ne représentent que 5% de la  population mondiale. 

[3] la Convention 169 de l’OIT définit les droits des peuples autochtones et permet de protéger leurs modes de vie traditionnels. Contraignante, elle n’a pas été ratifiée par la France. En savoir plus.